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ture, n’envisagea plus, dès lors, ses voisins, que comme des barbares qui devaient lui rester étrangers, ainsi qu’ils la considéraient elle-même. Mais il était réservé à l’influence d’autres principes, d’autres sentimens, de la faire revenir un jour sur ses préventions.

Nous ne sommes pas entrés dans le détail de tous les combats qui eurent lieu sous les murs de Santo-Domingo, où les troupes haïtiennes soutinrent leur réputation contre celle des Français renfermés dans cette ville[1]. Nous signalerons seulement une sortie de ces derniers, dans la matinée du 11 mars, en trois colonnes, dirigée contre la division Gabart, et dans laquelle le général Magny fut un moment exposé à voir enlever sa position à San-Carlos. Le valeureux Julien Gupidon, colonel de la 14e demi-brigade, trouva une mort glorieuse en abandonnant ses retranchemens pour s’élancer sur l’ennemi. Magny lui-même se ressouvint de sa gloire acquise à la Crête-à-Pierrot. Au moment où Pétion le vit engagé, il détacha de sa division Magloire Ambroise, avec les 22e et 24e demi-brigades, qui l’aidèrent à refouler les Français. Après cette affaire, dans la soirée, il lui envoya de nouveau la 21e, pour l’aider à rétablir promptement ses retranchemens, ayant reconnu que l’ennemi avait mis de l’acharnement à s’emparer de cette position avantageuse.

Cette noble carrière des armes, et surtout les luttes politiques, offrent souvent de singulières péripéties qui sont autant d’enseignemens pour les peuples. Trois années auparavant, Pétion se trouvait dans les rangs de l’armée française et lançait des bombes contre Magny :

  1. Voyez le journal de cette campagne dans le Recueil des actes publiés par M. Linstant, et l’Hist. d’Haïti, t. 3, p. 191 à 206.