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lût s’opposer à son remplacement, les généraux feront un appel au peuple et à l’armée qui devront leur prêter main-forte et assistance pour maintenir la liberté. »

Ces deux articles 28 et 29 du premier titre de la constitution contenaient un germe de révolution, même contre l’empereur régnant.

Dans sa constitution de 1801, T. Louverture avait prévu le cas où l’un de ses successeurs n’aurait pas convoqué l’assemblée centrale, un mois avant l’expiration du terme de son mandat de cinq années, pour qu’elle pût procéder soit à sa réélection, soit à son remplacement ; alors le général le plus élevé en grade devait saisir les rênes du gouvernement, provisoirement, pour faciliter l’exercice du pouvoir de cette assemblée.

Mais en 1805, il suffisait de la création ou de l’existence d’un corps de troupes privilégié, de la déviation de la marche tracée par l’empereur Dessalines pour le gouvernement du pays, ou de celle des principes consacrés par la constitution, pour autoriser les généraux à s’assembler (ou à s’entendre) et prononcer la destitution du réfractaire. Or, T. Louverture, en créant sa garde d’honneur et en y admettant d’anciens nobles colons, d’anciens émigrés, comme officiers, avait excité le juste mécontentement de l’armée coloniale : de là la répulsion pour tout corps privilégié, devant veiller sur la personne du chef de l’Etat.

Dessalines connaissait cet esprit général dans l’armée haïtienne. Cependant, il conservait toujours dans sa ville impériale, la 4e demi-brigade pour sa garde ; il affectionnait cette troupe où se trouvaient des officiers et îdes soldats qu’il avait commandés comme colonel, et qui lui étaient très-dévoués. Il y avait incorporé un grand nom-