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Gonaïves, dans les bureaux du ministre des finances, et Daumec, qui y faisait le commerce en société avec Geffrard, pour le nommer commissaire impérial à Saint-Marc. Peu après son arrivée dans le pays, B. Blanchet aîné avait été nommé trésorier à Jérémie, où il avait jadis rempli la même charge : dans ces circonstances, il fut révoqué de ses fonctions « pour avoir été accusé d’intrigues contre l’autorité »[1] impériale, sans doute. Soit par ordre de l’empereur, soit spontanément, il quitta Jérémie aussi et fut résider au Cap où il se mit dans le commerce et devint l’associé du général en chef H. Christophe. Il y eut encore diverses autres révocations dans le Sud. Geffrard eu fit naturellement la remarque, de même que de la translation en d’autres lieux, de ceux qui étaient ses amis ; il en prit de l’ombrage à son tour, à raison des faits précédens. Toutes ces choses ne purent être ignorées, et tendaient à aggraver les rapports de Dessalines avec ce général.

De son côté, Christophe s’était fait une tactique politique, se rapprocher de tous ceux qui avaient ou croyaient avoir sujet de se plaindre de Dessaîines. Au Cap, il s’entourait des hommes les plus marquans, les plus intelligens, les accueillant toujours avec une grande distinction, vivant avec eux dans une étroite familiarité : c’étaient Rouanez jeune, les deux Roumage, Ferrier, Villon, Leconte, Juste Hugonin, César Thélémaque, Larose, etc. Son commerce était tout-à-faît agréable par ce bon ton, ces manières distinguées qu’il savait y mettre. Il captait ainsi tous ceux qui avaient des idées d’avenir pour le pays, par la situation présente des chose. À fa fête récente de Dessalines, pendant son séjour au Cap, au bal qui fut donné au palais impérial, l’empereur,

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 226.