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grets de sa patrie[1]. Son corps fut inhumé au fort Desbois, construit dans les montagnes de l’Anse-à-Veau. En apprenant sa mort, Geffrard se rendit de suite en cette ville et présida à ses funérailles.


Nous avons déjà dit que, devenu commandant de l’arrondissement d’Aquin, J.-L. François avait demandé à Geffrard de nommer Borgella, commandant de cette place alors au vieux bourg, situé à une lieue de la ville actuelle. Ce fut par leur initiative propre que la nouvelle ville fut fondée, là où était l’ancien embarcadère de la commune. Dans le premier voyage que fit Dessalines dans le Sud, il désapprouva le nouvel établissement au port d’Aquin ; mais Borgella surtout lui fit remarquer que les travaux des fortifications du Bonnet-Carré, dans les montagnes, n’en seraient que plus activés, et que les autorités y surveilleraient plus facilement l’embarquement des denrées du pays et les mouvemens du cabotage, que la population de l’arrondissement en profiterait davantage : ces considérations obtinrent son assentiment.

Le concours que Borgella donnait à son général, l’intimité qui existait entre eux, portèrent J.-L. François à désirer l’avoir comme adjudant-général de sa division, lorsqu’en juillet 1805 il fut nommé commandant de la 2e division du Sud, à la résidence de l’Anse-à-Veau : il en fit la demande à l’empereur qui ne souscrivit pas à

  1. C’est avec étonnement que nous avons lu dans l’Histoire d’Haïti, t. 3, p. 151, que J.-L. François, vivant en mésintelligence avec Gérin, empiétait souvent sur son autorité dans l’arrondissement de l’Anse-à-Veau, et lui reprochait de favoriser les hommes de couleur au détriment des noirs. J.-L. François, qui a sauvé des blancs français du massacre de 1804, était inaccessible à ces sottes puérilités de couleur. Que l’on sache donc, une fois pour toutes, que Gérin était, comme l’on dit vulgairement, un mauvais coucheur.