Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/263

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aimé. Or, si dans la guerre de l’indépendance, ce dernier avait tout fait pour ramener les esprits dans le Sud à l’égard de Dessalines, contre lequel on était prévenu pour les faits commis dans la guerre civile et après, il suffisait que maintenant il se prononçât contre lui, pour rallier également les esprits à son projet, alors que de nouveaux faits de la part de Dessalines les avaient mécontentés. Geffrard était d’une influence immense dans ce département, tant sur les troupes que sur les citoyens de tout rang, malgré sa sévérité toujours tempérée par la bonté.

Un nouvel acte de l’empereur, publié à Marchand le 2 mai, vint aggraver cette situation tendue ; ce fut un décret concernant les guildiveries. Le voici :

Jacques, Empereur Ier d’Haïti, etc.,

Voulant remédier aux dommages que divers spéculateurs non-autorisés, apportent à l’exploitation des guildiveries de l’État[1] ;

Décrète ce qui suit :

1. Toute guildive appartenant à l’État ou aux particuliers, qui aura été relevée ou établie antérieurement a l’arrêté de S. E. le ministre des finances (du 22 décembre 1804), relatif à l’affermage des guildiveries, sera conservée et continuera de fabriquer.

2. Toutes celles qui auront été réparées ou entreprises par des particuliers, postérieurement à l’arrêté précité, sans une permission expresse et signée de ma propre main ou de celle de S. E. le ministre des finances, seront considérées comme illicites et par conséquent démolies.

3. Dans un mois, à compter du jour de la publication du présent décret, tous les entrepreneurs particuliers qui n’auront pas satisfait au désir de l’art. 2, seront poursuivis extraordinairement et auront leurs manufactures confisquées au profit de l’État.

  1. Quels dommages les guildives non autorisées pouvaient-elles occasionner à celles des fermiers de l’État, sinon la concurrence faite par leurs produits similaires ?