Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/280

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se faire un mérite en cela, pour racheter ce qui fut de sa part, excès de zèle, dans ce qui nous reste à dire de lui dans ces circonstances.

Quoi qu’il en soit, Dessalines n’ayant pas acquis la preuve de l’existence d’une conspiration entre Geffrard et Christophe, en revint plus fortement aux soupçons d’un prochain retour de Rigaud dans le pays, que Geffrard et toute la population du Sud voulaient favoriser. En proie à cette funeste idée qui le tourmentait, il ne mit aucune borne dans ses procédés vexatoires. À l’Anse-à-Veau, il avait accueilli les officiers de l’état-major de J.-L. François, élevé plusieurs de ses domestiques au rang d’officier : aux Cayes, il repoussa ceux de Geffrard, fit enrôler ses secrétaires comme soldats ; il ordonna la mutation dans les corps de troupes des officiers que Moreau lui désigna comme ayant été dévoués à ce général ; il n’en parlait qu’avec horreur, sans craindre de blesser le sentiment public qui vénérait sa mémoire : il en fit une idole !

En ordonnant la démolition de plusieurs guildives, aux termes du décret du 2 mai, il arriva qu’on en démolit qui existaient depuis dix ans, parce que la passion présidait à l’exécution de cet acte.

Il en fui de même à l’égard d’autres propriétés, pour lesquelles des mises en possession avaient été obtenues des agents du gouvernement ; et, comme il avait chargé Lhérisson, à Jérémie, de faire une nouvelle vérification de celles de la Grande-Anse, voulant en même temps faire vérifier les comptes des fonctionnaires de finances aux Cayes, il manda Inginac à bref délai pour l’en charger. Inginac lui parut propre à ces opérations, non-seulement

    qu’il ne fallait pas toujours ajouter foi à ce qu’il disait, quand il parlait de faits historiques ; et je crois n’être pas le seul qui pense ainsi.