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bouches à feu, si le cas le requiert. Je me plais à croire, Monsieur, que vous mettrez toute l’exactitude que je vous connais dans l’exécution du présent ordre. »

L’historien auquel nous empruntons cette lettre, ajoute :

« Inginac exécutera ces deux ordres avec tant de vigueur (peut-être de rigueur aussi), qu’il soulèvera contre lui l’animadversion de toute la population des Cayes.[1] »

Les deux notes que nous possédons sur les événemens survenus alors, s’accordent également à dire, — l’une : « que dans l’examen des titres de propriété, il y eut beaucoup d’injustices ; » — l’autre : « des actes révoltans furent commis contre la possession non-interrompue de propriétés patrimoniales d’un grand nombre d’habitans indigènes de ce département (du Sud), en faisant réunir aux domaines de l’Etat leurs biens, par cela qu’ils ne pouvaient exhiber les titres qui avaient été perdus dans la révolution.[2] »

Si, en partant des Cayes, Dessalines chargea Inginac de confirmer les titres qu’il avait admis lui-même, d’examiner tous autres ; s’il y eut injustice et dépossession, l’empereur d’abord, pour les titres non admis par lui, Inginac ensuite, pour tous autres dans ce cas, en furent les auteurs. C’est ce que nous qualifions excès de zèle de la part de ce dernier.

M. Madiou dit même, t. 3, p. 294 ; « Obligé de sévir contre les contrebandiers, les dilapidateurs, et se montrant beaucoup trop sévère dans l’examen des titres de propriété, il avait soulevé contre loi une animadversion générale… Néanmoins, il procédait toujours sans

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 286.
  2. Notes de Glézil fils et d’A. Pilié.