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le général en chef H. Christophe ; et cette conviction était d’un grand poids pour toute détermination ultérieure, si un événement venait à surgir. Ils ne conspiraient point, peut-être ; mais il est vrai qu’il y a de ces momens dans la vie des peuples, où la conspiration est dans tous les cœurs, dans tous les esprits, sans qu’ils se communiquent ; où elle est, pour ainsi parler, dans l’air qu’on respire. La résistance la moins importante vient-elle à se manifester de la part de l’individu le plus obscur, chacun s’y rallie par une sorte d’entraînement irrésistible ; et l’on est tout étonné de voir tomber un gouvernement qu’on croyait solidement assis. En 1820 et 1843, n’a-t-on pas assisté à un spectacle semblable ?

Telle était la situation des choses, dans la ville et dans tout l’arrondissement des Cayes, après le départ de Dessalines.


Ses deux lettres à Inginac, du 8 septembre[1], l’une relative à Mackintosch, l’autre relative à l’examen des titres de propriété, prouvent qu’à cette date, ce fonctionnaire n’avait pas encore achevé la vérification des comptes de l’administration, et qu’il n’avait pas commencé celle des titres de propriété. C’est donc en l’absence de l’empereur qu’il opéra sur les propriétés.

À l’égard des comptes, il dut mécontenter les fonctionnaires et leurs employés, qui profitaient des abus ; mais quant au peuple, qui n’y prenait aucune part, il est toujours satisfait lorsque le gouvernement met de l’ordre dans les finances, si d’ailleurs le trésor public est géré dans l’intérêt général. Quoique ce ne fut pas le cas dans

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 284 et 286.