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fils et le capitaine Rousseau, de la 17e, qui se trouvait aux Cayes. Il fallait persuader et convaincre Vancol de l’urgente nécessité de son adhésion ; ils le rencontrèrent sur l’habitation Bergeaud, à peu de distance des Cayes : il avait devancé son corps, parti d’Âquin la veille au soir.

Au départ de ces officiers, Papalier, Bourdet et les autres officiers supérieurs se rendirent auprès de Wagnac qui s’était porté avec son monde, aux Quatre-Chemins, à un quart de lieue des Cayes. Là, on proposa d’y rentrer tous ; mais quelques chefs des insurgés, montrant une certaine méfiance des vraies dispositions de la ville, Bourdet offrit de rester parmi eux en otage. Il ajouta : « Je crois que le colonel Wagnac doit prendre le commandement de la 1re division du Sud, puisque le général Moreau en est déchu ; l’adjudant-général Papalier continuera à commander l’arrondissement, sous ses ordres. » Papalier répondit aussitôt : « Je consens à tout ce qui peut assurer le succès de notre entreprise. » Wagnac dit noblement à son tour : « Mes amis, mes frères, je n’ai pas besoin d’otage pris parmi vous. Depuis seize ans, nous combat tons ensemble pour nos droits : c’est encore u pour eux que nous combattrons jusqu’à la mort. » Il décida qu’on entrerait immédiatement aux Cayes.

Arrêtons-nous aux propositions de Bourdet, pour louer son désintéressement, sa loyauté, son discernement des choses, son sens judicieux.

Après Messeroux, incapable de donner suite à cette audacieuse insurrection, n’étant pas militaire, ne pouvant inspirer la confiance nécessaire aux troupes qui vont effectivement opérer la révolution de 1806, quel était, aux Cayes, le vrai chef de cette gigantesque entreprise ? Wagnac qui, en s’y ralliant avec ses dragons, avait dé-