Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/318

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Marchand. Le colonel Vancol avait eu le temps d’entrer aux Cayes, et prit part à ces résolutions.

Le 9 octobre, à 5 heures de l’après-midi, la lettre de Papalier au général Guillaume Lafleur lui était parvenue ; il ordonna aussitôt de battre la générale, adressa une lettre à l’empereur en lui envoyant celle de Papalier, pour l’informer de l’arrestation de Moreau et lui dire qu’il allait marcher aux Cayes avec la 17e, qu’il fit effectivement mettre en route à 7 heures du soir, Vancol à sa tête, ayant sous ses ordres le chef de bataillon Fossé. Arrivé à Saint-Louis, Vancol laissa le corps aux ordres de Fossé pour se rendre aux Cayes, afin de connaître la situation des choses.

Guillaume Lafleur ne quitta Aquin qu’à 2 heures du matin, le 10 ; il rencontra la 17e à Cavaillon, à 10 heures du matin ; et, mécontent du peu de célérité de sa marche, il blâma Fossé avec humeur ; déjà cet officier et ses soldats étaient gagnés à l’insurrection qui se propageait dans tous les rangs de la société. Fossé lui répondit avec non moins d’humeur. Lafleur les traita tous d’insurgés : « Puisque vous prenez parti contre l’empereur, je vais le joindre, » dit-il. L’insubordination des troupes éclata contre lui ; un officier nommé Joute Bardet lui dit : « Votre empereur doit avoir la tête tranchée en ce moment, et vous-même, vous êtes notre prisonnier. »

À cette déclaration, Lafleur traversa la rivière de Cavaillon prenant la route des Cayes ; mais, craignant qu’il ne rebroussât par des chemins détournés, on le poursuivit à cheval ; et escorté, prisonnier de fait, il entra aux Cayes à 1 heure de l’après-midi, alors que tout était consommé contre l’autorité de Dessalines.

C’était un singulier désappointement pour lui, qui