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qu’ils fussent soldés immédiatement et que les militaires eussent à se réunir à leurs drapeaux sans délai.

Le lendemain, 11 octobre, Castaing arriva des Cayes, porteur d’une lettre de Wagnac au ministre, qui lui faisait savoir qu’eux tous l’avaient reconnu en qualité de chef de l’armée et du département du Sud, et qu’ils attendaient ses ordres. Cette lettre l’informait en même temps qu’ils avaient acclamé le général en chef H. Christophe, comme chef du gouvernement.

Gérin devenait ainsi, non-seulement chef militaire, mais chef politique de l’insurrection. En cette double qualité, il avait à prendre toutes les mesures qui pouvaient la faire triompher.

Se tenir dans le Sud pour organiser et attendre les événemens, c’eût été une faute capitale. L’insurrection ne pouvait y trouver d’obstacles. Il fallait donc qu’elle fût envahissante, pour rallier à elle les populations mécontentes des autres départemens ; qu’elle marchât dans l’Ouest pour obtenir le concours du général Pétion et des troupes sous ses ordres ; décider, sinon l’Artibonite, du moins le Nord, au même mouvement révolutionnaire, afin d’anuihiler la puissance impériale.

Dans ce dessein judicieux, Gérin expédia aux Cayes, le dimanche 12, le colonel Faubert et le chef d’escadron David-Troy qui se trouvaient à l’Anse-à-Veau, le premier en résidence, le second en permis[1], avec ordre à Wagnac de faire marcher sur le Pont-de-Miragoane toutes les troupes pour l’y joindre, et de juger les généraux Moreau

  1. David-Troy, soldat de la 4e demi-brigade, avait obtenu enfin un permis pour vaquer à ses affaires : il était à Aquin, auprès de Borgella qui, apprenant les évènemens des Cayes, lui conseilla d’aller à l’Anse-à-Veau pour offrir son concours à Gérin. En ce moment, il reprit son rang de chef d’escadron.