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sèrent de même, car ils furent sensibles à leur mort. La Nation haïtienne doit donc à leur mémoire, l’érection de deux colonnes dans le cimetière où sont leurs restes, afin d’éterniser le souvenir de leurs belles actions.


La cavalerie ennemie n’avait pas dépassé le pont de Blanchard où périt Coutilien. Heureux du trophée que ses dragons avaient recueilli, Barthélémy Mirault s’empressa d’apporter à Christophe le chapeau galonné de Pétion, en lui disant : « Général en chef, voici l’étrenne que je vous offre. » Christophe, joyeux et triomphant, était alors près de l’habitation Duvivier avec ses troupes. Il n’y avait qu’à les faire avancer contre le Port-au-Prince pour l’enlever de vive force, puisqu’il dut apprendre par les prisonniers, qu’il venait de battre toute la garnison de cette ville.

C’est à cet instant que, suivant l’Histoire d’Haïti, « l’adjudant-général Papalier, reconnaissant l’impossibilité de fuir, se tenait immobile le long de la route ; il fut fait prisonnier et conduit à Christophe. Celui-ci l’accueillit avec distinction et lui promit de l’employer auprès de sa personne.[1] »

Mais, une autre tradition rapporte que, dans la déroute, le cheval de Papalier s’étant abattu dans un bourbier, il allait pénétrer dans les bois environnans, lorsqu’il fut fait prisonnier. Amené à Christophe, il l’accueillit effectivement et l’employa auprès de lui… pour le faire assassiner plus tard.[2]

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 378.
  2. À cette époque, les ennemis de Papalier accréditèrent le bruit, qu’il avait volontairement passé auprès de Christophe, comme s’il n’était pas possible qu’il fût fait prisonnier. Je ne puis croire à ces calomnies, après avoir à sou-