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mille hommes, selon moi, suffiraient pour cette opération. — Privé, par mon état de maladie, de la faculté de pouvoir me rendre dans votre sein pour faire cette proposition, j’ai cru devoir vous l’adresser ici, vous priant de vouloir la prendre en considération.

Agréez, citoyens, l’assurance de messentimens affectueux,

Signé : Pétion.[1]

Et le même jour, vu l’urgence, le Sénat rendit un arrêté qui ordonna une levée de 4000 hommes, au lieu de 2000, tant dans l’Ouest que dans le Sud, attendu que les corps du Sud avaient autant besoin de se compléter.

Si Pétion et le Sénat reconnurent cette nécessité, nous sommes porté dès lors à douter de l’exactitude du chiffre de 8500 hommes impatients de prendre Saint-Marc et de ne s’arrêter qu’aux Gonaïves. Si la maladie de ce général, commandant en chef, l’empêcha d’aller au Sénat, nous comprenons encore mieux qu’il ne put entreprendre la conquête des communes de l’Ouest qui étaient sous le pouvoir de Christophe ; car ce n’était pas au général du Sud à le faire pour lui ; ce dernier avait un autre devoir urgent à remplir en ce moment-là : c’était d’aller préserver son département de l’irruption d’une révolte qui s’organisa si bien, qu’elle dura treize années entières.


On a dit que Gérin reprocha à Pétion « de ne pas vouloir saisir l’occasion favorable d’abattre Christophe d’un seul coup. »

Ne prenons pas avantage des faits que nous venons

  1. Voyez cette lettre dans le Recueil des actes publié par M. Linstant, tome 1er, page 208. La maladie de Pétion était si réelle, qu’il ne ont assister, le 9 mars suivant, à la séanee du Sénat où il fut élu Présideni d’Haïti, et que le lendemain il dut s’y présenter avec des béquilles pour prêter son serment.