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traitemens étaient réservés aux navires haïtiens. Cet amiral, étant en croisière dans les parages d’Haïti, lui notifia la clause comminatoire concernant ceux qui seraient rencontrés à plus de 5 lieues de ses côtes : il lui dit que, dans ce cas, les navires légalement expédiés seraient capturés, et que tous autres non munis de papiers en forme seraient considérés comme pirates.

C’était dicter la loi du plus fort ; car, en droit, les Anglais n’étaient pas fondés à imposer de telles conditions. La crainte même qu’ils éprouvaient de tout contact entre les Haïtiens et la race noire à la Jamaïque, n’était pas une excuse ; ils n’avaient qu’à défendre toutes relations avec cette île, de la part des Haïtiens, et à traiter en ennemis ceux qui enfreindraient cette défense. C’est ce que fit le gouvernement britannique lui-même, par un Ordre en conseil du mois de décembre 1808.

Le 31 mai, étant au Cap, Dessalines adressa une nouvelle lettre à Nugent, pour témoigner de ses dispositions à maintenir les bonnes relations existantes entre Haïti et la Grande-Bretagne, quoiqu’ils n’eussent pu s’entendre pour la conclusion d’un traité ; mais que son pays étant indépendant, il ne pouvait pas agir sur les erremens de Toussaint Louverture. Il sauvegarda ainsi la dignité nationale ; et dans ces circonstances, il fit encore une action qui l’honora.

Ces diverses communications avaient eu lieu par la frégate anglaise le Tartare, commandée par Perkins, homme de couleur natif de la Jamaïque, connu depuis longtemps à Haïti[1]. Perkins ayant trouvé Dessalines au

  1. Perkins avait servi comme capitaine de corsaires, dans le guerre que fit la Grande-Bretagne à ses colonies révoltées. La France les ayant soutenues, il avait fait beaucoup de mal aux habitans de la Grande-Anse. Après la paix de 1783,