Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire venir de Cuba ; car il annonçait à Pétion qu’un petit bâtiment sous pavillon danois venait d’arriver au Môle, sortant de cette île, et qu’ayant usé envers son équipage de procédés engageans, le capitaine lui avait promis d’y revenir dans quinze jours avec des objets qu’il lui demandait. À cet effet, il expédia l’adjudant-général Delva auprès du président, probablement pour lui exposer de vive voix la nécessité d’autoriser des relations avec Cuba, que les lois défendaient[1]. « Je m’abstiens de vous faire l’éloge de cet officier ; car personne mieux que vous, président, ne sait apprécier son mérite. Je vous répète qu’avec 1,500 ou 2,000 hommes de troupes pour rentforcer l’armée expéditionnaire, j’irais faire jonction avec la grande armée dans la plaine de l’Artibonite. » Il termina sa lettre en exposant que les envois de soldats de différens corps, par détachemens, nuisaient à la discipline ; que n’ayant point leurs drapeaux avec eux, l’honneur militaire n’avait pas ce signe de ralliement pour le stimuler : il priait le président de lui envoyer, sinon des régimens, du moins des bataillons en entier pour avoir leurs drapeaux. « S’il vous plaît de m’expédier la 24e en entier (son ancien corps), je vous renverrai tous ces détachemens. » C’est tout un éloge pour ce fameux régiment du Petit-Goave.

En produisant toutes les idées, tous les sentimens qui animaient cette âme belliqueuse, nous croyons mieux faire pour que le lecteur apprécie la guerre de la péninsule du Nord, que si nous entrions dans le détail circons-

  1. Ce bâtiment sous pavillon danois était monté par des Français réfugiés à Cuba. En étanblissant ces relations avec le Môle, où ils faisaient un trafic avantageux, ils cessèrent, de nuire su cabotage haïtien avec leurs corsaires. Le commerce fut toujours la meilleure diplomatie entre les peuples ; c’est à lui qu’Haïti et la France doivent leur rapprochement.