au peuple et à l’armée, c’était pire qu’une inconvenance. Et à quelle influence devait-on donc le maintien des soldats dans leur fidélité au gouvernement républicain, sinon à celle du président ? Le chef qui possédait leur confiance, qui consolida la liberté et le bonheur du peuple, n’était-il pas son premier représentant ? [1]
Ensuite, on voit que le sénat crut devoir suppléer au silence que Pétion avait gardé, à l’occasion de la conspiration des deux généraux ; et en quels termes parla-t-il de ces hommes, que Chervain et Borno Déléard, surtout, avaient égarés et perdus par leur ambition ? Yayou et Magloire Ambroise s’étaient rendus coupables, il est vrai ; mais leurs anciens services rendus au pays, et la situation des choses mieux comprise par le sénat, eussent dû lui dicter un langage moins flétrissant à leur égard. Pourquoi ne parla-t-il pas de l’assassinat des 17 citoyens au Cabaret-Carde ?…
Après la publication de cet acte, qui paraît n’avoir pas obtenu son approbation, peut-être à cause des quelques éloges donnés à Pétion, le général Gérin vint se poser en quelque sorte entre lui et le sénat. Étant à son camp du Boucassin, il adressa à ce corps la lettre suivante :
Etienne Elie Gérin, général de division, commandant le département du Sud,
- Au Sénat de la République d’Haïti.
Citoyens sénateurs,
Ayant senti mon peu de vocation pour le genre de déclamation
- ↑ On raconte que cette adresse ayant été commentée par quelques personnes, en présence de Pétion et dans le sens de nos observations, loin de prendre de l’humeur, il leur dit : « Reposez-vous sur nos sages sénateurs ; ils feront le bonheur du peuple. » Ensuite, il fredonna ces mots d’une chanson que les royalistes avaient faite sur les membres d’une assemblée française : — Voilà les législateurs que nous a promis l’oracle, etc. Cette plaisanterie