Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/147

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Les prétentions de chacun étaient telles, que le sénat rendit une loi pour faire cesser un abus qui s’était glissé, de la part des fonctionnaires de l’administration civile, au moment même où il prévoyait des destitutions dans leurs rangs, à cause de l’infidélité dans la gestion des finances publiques. Comme ils étaient assimilés à des grades militaires, ceux qui quittaient la carrière civile par une cause quelconque, s’affublaient des décorations de ces grades. Dans l’un des motifs de cette loi, il était dit, avec raison :

« Considérant enfin qu’il est de toute justice, de laisser aux militaires seuls qui, sans cesse, font l’apprentissage des armes, en versant leur sang pour la patrie, la faveur de parvenir aux grades militaires, soit dans les régimens, ou dans l’état-major, et de mettre le gouvernement à même de rejeter toutes réclamations de ce genre ; »

En conséquence, de tels hommes, en quittant leurs fonctions civiles, durent faire partie de la garde nationale ; mais les prévaricateurs destitués devaient être incorporés dans un régiment, en qualité de soldats. Rien n’était plus juste, et il eût été à désirer pour le pays, que ce principe y fût toujours observé. On ne devait pas espérer d’y avoir une armée nationale, tant qu’il serait violé. Le militaire aime que l’on respecte ses prérogatives, et il a raison ; le fonctionnaire civil doit suivre sa carrière.

Le 22 janvier, une autre question se présenta à l’examen du sénat. Bien des individus étaient nantis d’actes plus ou moins réguliers, à l’aide desquels ils faisaient des réclamations contre l’Etat pour sommes dues par les anciens colons, pour des legs faits par eux dans les testamens, etc. Dans l’impossibilité de statuer équitablement