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mandait ; mais il était taquin, et vidait des duels presque chaque jour avec ses camarades d’armes. Pétion ne fut pas plus sévère envers lui, parce qu’il estimait son courage : aussi, peu de temps après, il le réintégra dans sa compagnie[1].

Le 8 février, le sénat rendit deux lois dont le but était de récompenser deux belles actions. La première accorda une pension viagère à Jérôme Coustard, réversible sur la tête de son épouse, père et mère de Coutilien Coustard ; et la seconde accorda une semblable pension de 400 gourdes, à la veuve de Jean-Louis Rebecca et à sa mère, réversible en faveur de la survivante en cas de décès[2]. Les motifs exprimés dans ces deux actes font autant d’honneur au sénat, que les faits qu’il rappela honorent la mémoire de ces deux défenseurs de la liberté. En ce moment même, un autre brave, Pierre Derenoncourt, natif de Léogane, commandant du garde-côtes la Constitution, venait d’acquérir des droits à l’estime, à l’admiration et aux regrets de la patrie.

Le 22 janvier, étant au Môle, Lamarre informait le président de l’arrivée de Delva, avec les 100 hommes de troupes qui l’avaient accompagné du Port-au-Prince : ce qui portait son armée à 4200 combattans. Il accusait aussi réception de 10 mille gourdes, de 3 mille chemises et autant de pentalons, et de 2 mille habits : ce qui prouve que Pétion faisait tout ce que permettait la situation pour ravitailler l’armée expéditionnaire. Ce général lui annonça en même temps que Christophe et trois de ses gé-

  1. Le président avait aussi une grande considération pour le respectable sénateur Leroux, père de Laruine.
  2. Ces deux lois furent rédigées par le général Blanchet jeune. À cette époque, le sénat employa Toulmé, comme secrétaire rédacteur : c’est à lui que l’on doit la conservation des archives du sénat qui, auparavant, étaient dans le plus grand désordre.