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le Nord, a remporté des succès complets sur Christophe, et que les insurgés de Jérémie, poursuivis sévèrement par les braves troupes et les affaires que j’ai dirigées, sont rendus ou dispersés au point que leur nombre est réduit presque à rien, et ne se montrant que pour se rendre, sous la protection de la République, sur les habitations d’où ils sont.

Les travaux de la culture ont été repris ; les grands chemins ouverts et réparés ; les savannes nettoyées ; des cases incendiées, rebâties. Voilà les prémices du rétablissement de l’ordre dans cet arrondissement, depuis deux mois que j’y suis. Je ne doute point qu’un séjour de votre personne ne termine ces désastres d’une partie d’environ 60 lieues de pays de ce département, au commandement duquel je vous prie de nommer. Heureux si mes efforts généreux peuvent mériter quelque place dans votre souvenir, ainsi que des militaires qui m’ont secondé !

J’ai l’honneur de vous saluer avec respect.

Signé : Et. Gérin.

Jérémie, le 27 mai 1808.
Alexandre Pétion, Président d’Haïti,
Au général de division Gérin.
Citoyen général,

Je viens de recevoir votre lettre de ce jour. Je regrette infiniment que l’affaiblissement de votre vue et le nombre des années vous forcent à demander votre démission.

Je reconnais, général, les services importans que vous avez rendus à votre pays. Je pensais que vous pouviez lui en rendre encore.

Si quelques autres motifs, que ceux que vous m’avez exposés dans votre lettre, eussent provoqué votre retraite, je suis persuadé que vous me les eussiez communiqués, avec cette fraternité qui nous unit et cette franchise qui nous caractérise.

Je vous témoigne mes regrets, général, et suis sensible à l’attention que vous avez eue d’attendre mon arrivée dans le département que vous commandiez, pour vous retirer du service.

J’ai l’honneur de vous saluer, général, avec considération et attachement.

Signé : Petion.

En recevant cette communication, le sénat se borna à