Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/189

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couvert dans les rues de Léogane, braver les lois, l’opinion publique et le gouvernement. »

On prétendait que le pays était sans finances, sans « armée, sans culture et sans police. » Ce n’était là qu’une exagération oratoire.

À l’égard des, finances, on voit que le président restait responsable de l’incurie de Blanchet aîné, qui n’avait pu produire aucune des choses demandées par le sénat, en 1807, cadastres, comptes, etc. ; de l’état maladif de César Thélémaque qui avait fini par succomber. Pour suppléer à l’inactivité forcée de ce dernier, le président mesurait l’emploi des fonds de manière à pourvoir aux nécessités pressantes de l’armée expéditionnaire, en solde, objets d’habillement, d’équipement et munitions de guerre ; à l’acquisition de navires armés pour pouvoir la secourir : ce qui empêchait de payer les autres troupes, les fonctionnaires publics. Et on l’accusait « de diriger les finances ; » on lui rappelait un passage du rapport sur le projet de constitution, qu’il avait lu à l’assemblée constituante ! On savait cependant à quel point il poussait son désintéressement personnel, qu’il ne s’appropriait point les deniers publics. Ensuite, pouvait-il réformer à lui seul, les habitudes vicieuses des agents comptables, nées de tous les régimes précédens ? Car, sous ce rapport, le pays eut toujours à souffrir de l’improbité des fonctionnaires de finances, depuis l’établissement colonial jusqu’alors.

Si les finances n’étaient pas plus prospères, c’est que l’agriculture ne l’était pas non plus : il était impossible que cette dernière le fût, dans la transition d’un régime de contrainte par le bâton et les verges, à un régime dicté par la raison, la justice et l’humanité. Mais encore,