Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des inférieurs était signalée, à côté de la licence, de l’anarchie ; mais, quel exemple venait de donner un des chefs supérieurs, Bergerac Trichet, capable d’apprécier le besoin de l’ordre en toutes choses ?[1]

On était sans police, disait aussi le sénat, parce que sa loi du 18 avril 1807 sur celle des villes, et la loi du 20 sur celle des habitations, n’étaient pas exactement exécutées. À cette époque, où pouvait-on toujours trouver des hommes capables, pour bien les comprendre et les mettre à exécution ? À l’égard des habitations particulièrement, nous renvoyons, le lecteur à ce que nous avons déjà dit, sur la divergence de vues à ce sujet entre le sénat et le président.

À entendre ce corps, dans ses Remontrances, ne dirait-on pas que Pétion souffrait que la traite des Haïtiens se fît au profit de l’esclavage régnant à Cuba ? Peut-on pousser l’exagération à ce point, pour mieux faire de la réthorique ? Le fait est, que dans la Grande-Anse, quelques personnes profitèrent du commerce avec cette île, pour se réfugier à Saint-Yague ; d’autres passèrent à la Nouvelle-Orléans, parce qu’elles redoutaient d’être surprises par les insurgés qui, quelquefois, venaient attaquer les bourgs du littoral. Était-il dans les principes de la République, de s’opposer à l’effet de cette frayeur naturelle, aux femmes surtout ? Du Port-au-Prince où il était, le président pouvait-il empêcher ces évasions furtives, lorsque les autorités des lieux ne l’avaient pu elles-mêmes ? Si ces personnes emmenèrent avec elles, quelques en-

  1. Pourquoi le colonel Lys, sénateur, commandant de l’arrondissement, mollissait-il devant les tapages incessans des soldats ? On verra plus tard ce que lit le général Francisque à ce sujet, quand il remplaça Lys pendant quelques mois au Port-au-Prince ; on verra qu’il y mil une police plus convenable, et sans en être empêché par Pétion.