Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/199

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de fonctionnaires : ce qui est encore un surcroît de dépenses pour l’Etat qui, à peine en ce moment-ci peut suffire à ses dépenses ; de plus, propage l’ambition qui, malheureusement, est toujours prête à germer dans les cœurs. Enfin, le mal est fait : il en est de cet abus comme il en est de tant d’autres, mis dans la balance politique de la sagesse et de la prudence du sénat. Il en est des pouvoirs du commandement, une fois délégués, tout comme il en est des domaines affermés de l’Etat, et qui semblent être une propriété individuelle, dont l’Etat n’a plus de droit et ne peut toucher sans déplaire. Néanmoins, votre comité, partageant les sentimens de sagesse et de prudence qui animent le corps législatif à cet égard, lesquels devront opérer le triomphe des lois de la République, sous les quelles les têtes, enfin, doivent ployer, vous présente, citoyens sénateurs, le projet de message ci-après, au Président d’Haïti. »

Et le 11, le sénat eut assez de sagesse et de prudence pour s’abstenir de ce message intempestif, et rendre une loi qui confirma l’arrondissement de Tiburon et le commandement donné au colonel Nicolas Régnier ; mais le port de Tiburon ne fut pas ouvert au commerce.

Le 15, le sénat déclara que ses membres n’avaient pas besoin de faire ordonnancer en dépenses, les feuilles de leurs indemnités par les administrateurs, ainsi que cela se pratiquait auparavant ; ils pouvaient aller les toucher directement au trésor public : un message informa le Président d’Haïti de cette disposition. Les Remontrances l’avaient accusé de donner des ordres, à l’égard de certaines dépenses, sans la participation du secrétaire d’Etat : le sénat voulut avoir le même droit, quoique ce fût un abus de sa part.