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faveur de la tyrannie du Nord ; elle réussit à porter des militaires de la 9e à passer à l’ennemi. Excusons ces braves soldats, à raison de cette lutte acharnée, semée de périls, — à raison des privations auxquelles ils étaient en proie depuis si longtemps. Leur général, dont la fermeté s’accroissait dans le danger, en informa le gouvernement le 28 octobre ; il demandait qu’on lui envoyât ou la 18e ou la 24e demi-brigades en leur entier, par l’estime qu’il portait à ces deux corps.

Mais alors, la 24e était devant Saint-Marc avec l’armée ; et la 18e allait être envoyée à la Sourde, dans le Nord, pour aider quelques partisans de la République en ces endroits, et contraindre Christophe à diviser ses forces pour ne pas accabler Lamarre. Bergerac Trichet avait paru au président, et se montra digne de cette mission : il guerroya pendant deux mois, et ne revint qu’en janvier 1809 au Port-au-Prince, parce que des forces supérieures furent dirigées contre lui, dès après le retour de l’armée en cette ville et les succès qu’eut Christophe sur Lamarre.

Ce dernier écrivait le 30 novembre, de l’habitation Mignon dans la montagne du Port-de-Paix, près du Trois-Pavillons, que la détresse de ses troupes était à son comble ; qu’elles souffraient de la faim ; que leurs vêtemens étaient en lambeaux dans une saison où des pluies fréquentes ont lieu dans le Nord ; que leur nombre était réduit par la guerre et la désertion d’une partie de la 9e. Il se plaignit encore que la flotte ne venait point à leur secours, et ajoutait de pénibles réflexions par réminiscence de la première guerre civile.

Dans une semblable situation, le 3 décembre Lamarre saisit sur un prisonnier, une lettre du général J.-P. Daut