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c’était plutôt une réélection, qui était dans le droit constitutionnel du sénat, mais qui n’était point dans les convenances de la situation politique, à moins qu’il ne s’ourdît quelque intrigue entre certains sénateurs et Gérin.[1] Le sénat décida en même temps de se compléter par d’autres élections, en remplaçant plusieurs vacances dans son sein. À cet effet, il élut Montbrun, citoyen des Cayes qui avait déjà refusé le sénatoriat le 4 mars 1807, pour remplacer le général Blanchet, décédé à Jérémie, et Jean Giraud, citoyen de cette ville, pour remplacer Magloire Ambroise. Il renvoya à la séance du lendemain, a pourvoir au remplacement de Yayou et de F. Ferrier.

Aussitôt qu’on eût résolu le rappel de Gérin, le président Daumec proposa de lui adresser de suite un message pour lui en donner connaissance et l’inviter avenir, séance tenante, rentrer en fonction. Gérin se rendit à ce vœu : introduit parmi ses anciens collègues, Daumec lui adressa un discours pathétique, dit le procès-verbal, en lui demandant s’il consentait à reprendre sa fonction sénatoriale. Répondant affirmativement, il prêta de nouveau le serment et reçut de tous les sénateurs le baiser fraternel.

  1. Dans un article inséré sur la Revue du commerce et des tribunaux, journal du Port-au-Prince, en date du 20 août 1853, M. le sénateur S. Lamour, qui était copiste au sénat en 1808, et travaillait en cette qualité sous les ordres de Toulmé, secrétaire rédacteur, raconte avoir vu venir chez ce dernier, Daumec, président du sénat, et le général Gérin suivi de ses aides de camp. Daumec, Gérin et Toulmé s’entretinrent ensemble vers 9 heures du matin, et de cet entretien sortit la convocation du sénat, à l’extraordinaire, pour une séance qui eut lieu à 3 heures de l’après-midi. Quoique la mémoire de M. S. Lamour lui fasse défaut, quant à la date de cette séance, qu’il place au temps où Pétion se trouvait avec l’armée devant Saint-Marc, on ne peut révoquer en doute ce fait de l’entretien dont il parle, ni ce qu’il relate ensuite. Il faut dire ici que Daumec et Toulmé avaient épousé deux sœurs, filles de M. Chalumeau, respectable vieillard habitant de Léogane : de là l’intimité qui existait entre eux.