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Sa rentrée eût pu n’être encore qu’une consolation. Mais, dès qu’il eut pris place, Gérin lit une motion d’ordre, tendante à ce que le sénat invitât le Président d’Haïti à entretenir une correspondance avec les autorités de Cuba (de cette île dont le sénat ne voulait pas entendre parler), et avec les Espagnols qui s’étaient insurgés contre les Français dans l’Est d’Haïti. Quoique le sénat sût pertinemment que Pétion avait des relations avec les indigènes de cette partie, auxquels il avait fourni des munitions de guerre, il nomma un comité de plusieurs de ses membres pour rédiger un message qui lui serait adressé dans le but de la correspondance proposée par Gérin ; et de plus, pour préparer une adresse aux habitans de l’Est, dont la proposition fut faite par un autre sénateur.

Encouragé par l’adoption de sa motion d’ordre, Gérin se leva de sa chaise curule et dit au sénat que, durant sa retraite, il avait médité sur un nouveau plan d’organisation de la République qu’il produirait incessamment[1].

À ces mots, ses collègues pâlirent d’émotion ; ils virent toute une révolution dans ce plan d’organisation qui exigerait probablement l’abrogation de toutes les lois déjà rendues par le sénat depuis 1807, peut-être même la révision de la constitution qui, on le sait déjà, n’avait pas eu l’assentiment de l’illustre guerrier.

Si l’on ne se rapporte qu’aux notes prises sur une feuille volante, de la séance du 17, par Toulmé, secrétaire rédacteur, car le procès-verbal ne fut pas rédigé, Gérin n’aurait pas parlé de son plan d’organisation[2].

  1. Voyez une note à ce sujet, dans le Recueil des lois, etc., publié par M. S. Linstant, t. 1er, page 522.
  2. Étant président du sénat dans une session, je mis ordre à ses archives qui étaient dans