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secours qu’ils avaient reçus de Pétion et de Christophe, en armes et munitions, Cyriaco Ramirès inclinait à s’allier avec la République d’Haïti, et Juan Sanches avec l’État du Nord. Il est curieux de constater, dès à présent, que l’idée du premier, qui ne put aboutir alors, finit par triompher avec le temps, et que celle du second, qui réussit à cette époque, suivit la destinée du Nord.

Par ces diverses considérations, Juan Sanches s’adressa au gouverneur de Porto-Rico, dans l’espoir qu’il en serait reconnu comme le chef supérieur des insurgés de l’Est, en lui donnant l’assurance que bientôt il contraindrait Santo-Domingo à lui ouvrir ses portes. Mais Torribio Montés lui envoya le colonel don André Ximenès, avec des instructions qui donnaient le commandement en chef à ce dernier, et le commandement en second à Juan Sanches avec le grade de lieutenant-colonel, attendu que ce n’était que par son autorisation que ce dernier avait soulevé les indigènes contre les Français. Ces instructions autorisaient d’ailleurs Juan Sanches à former des corps d’infanterie et de cavalerie, et à se fixer et s’entendre avec Cyriaco Ramirès et C. Huber, sur la destination qu’ils devaient avoir. Elles disaient en outre, pour prévenir toute alliance avec la partie occidentale d’Haïti : « Les armes et les munitions que don Juan Sanches recevra du général nègre Henry Christophe, devront être pour le compte de celui-ci, vu que toutes celles qui ne lui seront pas remises, dans le même état où on les aurait reçues, devront être scrupuleusement payées ; mais, sous aucun rapport on n’admettra aucun nègre dans cette expédition[1]. »

  1. Dans une autre dépêche de Torribio Montés, il constata « que le général Pétion avait accordé à Salvador Félix 40 caisses de cartouches, 4,000 pierres à fusil et 100 piques (fu-