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Ces instructions portaient la date du 12 décembre ; et dans d’autres que Torribio Montès envoya au colonel André Ximenès, où il disait que, suivant le rapport de Juan Sanches, Cyriaco Ramirès s’était soumis à ses ordres, ce gouverneur ajouta : « Quoique les chefs de la partie d’Azua aient proposé au mulâtre Pétion de faire des traités avec lui, aucun ne pourra néanmoins avoir lieu sans mon consentement, non-seulement avec Pétion, mais avec Christophe, chef des nègres. On conservera avec eux la bonne harmonie, en respectant les limites des deux pays. »

Tout en soignant les intérêts politiques de l’Espagne, pour lui faire recouvrer une ancienne colonie qu’elle n’avait cédée à la France qu’avec regret, Torribio Montés ne négligeait pas les siens propres non plus : dans chacune de ses dépêches, il recommandait de lui envoyer les bois d’acajou confisqués dans les coupes qui appartenaient aux Français, comme si les insurgés n’en auraient pas besoin pour les dépenses publiques, après leur triomphe définitif.

Cette avidité, et le rang subalterne auquel il réduisit Juan Sanches, jointe à l’opposition que lui faisait Cyriaco Ramirès, porta le vainqueur de Palo-Hincado à recourir à l’autorité populaire, pour faire sanctionner en lui l’autorité civile et militaire qu’il voulait exercer dans l’Est. En conséquence, il convoqua sur l’habitation Bondilla, à peu de distance de Santo-Domingo, des députés de tous les quartiers, qui se formèrent en une as-

    sils). Vous les emploierez de la manière la plus convenable, après lui avoir demandé le compte de ces différens objets. » Mais, ni Pétion, ni Christophe ne firent payer ce qu’ils avaient fourni aux hommes qui avaient le même intérêt politique que leurs concitoyns immédiats.