Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/264

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chef de l’État à gouverner, se trouvait à la tête de l’administration. Il avait à pourvoir aux nécessités pressantes de l’armée expéditionnaire désormais renfermée dans les murs du Môle, comme le poste avancé de la République, destiné à contenir le tyran du Nord, à occuper tous ses instans pour l’empêcher d’exercer ses fureurs contre elle : glorieuse et périlleuse mission où chaque soldat, chaque officier, le général en chef lui-même devaient comprendre qu’ils étaient en quelque sorte des sentinelles préposées à la garde de leurs concitoyens et des institutions proclamées pour assurer leurs droits. S’ils ne saisirent pas tout d’abord cette pensée, ils la comprirent enfin ; et leur héroïque dévouement, leur abnégation patriotique, n’en ressortent que mieux aux yeux de la postérité reconnaissante.

Il faut aussi rendre justice à Bonnet ; il comprit parfaitement la mission qui lui était dévolue, et il a également droit à la gratitude de la patrie. Tous ses efforts tendirent à ravitailler la place du Môle, à procurer à ses braves défenseurs les objets dont ils avaient besoin, à fournir à la flotte, qu’il fallut augmenter pour correspondre à celle du Nord afin de secourir cette place, les choses nécessaires à son armement, son équipement, son rationnement, sa solde, etc., tandis que le Président d’Haïti s’occupait spécialement, avec Panayoty et les capitaines des garde-côtes, de l’installation de ces navires achetés du commerce étranger.

Pétion était chaque jour à l’arsenal pour presser les travaux qui s’y exécutaient dans ce but, tant il se préoccupait des secours à porter à l’armée expéditionnaire : il savait l’activité de Christophe, les moyens qu’il employait pour parvenir à ses fins, et il jugeait avec raison