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combat à outrance : nous en relaterons d’autres circonstances en leur temps.


Au moment où nous allons parler de la campagne résolue par la proclamation du 10 avril, il est convenable d’expliquer pourquoi une partie des troupes du Sud y prit part, la garde nationale les remplaçant.

Le fameux Goman continuant à inquiéter ce département dans les limites de tous ses arrondissemens, et principalement dans la Grande-Anse, foyer de sa révolte, et ce chef de bandes se tenant de sa personne toujours dans les hautes montagnes, le général Francisque avait conçu l’idée de lui tendre un piège, dans l’espoir de le capturer et de terminer cette révolte. À cet effet, il avait autorisé le colonel Bellefleur, commandant la place des Abricots, de paraître vouloir trahir la République pour se ranger sous ses ordres, en lui livrant ce bourg et lui faisant espérer la conquête de tous les autres situés sur le littoral. Bellefleur remplit parfaitement ce rôle ; il avait envoyé à Goman des munitions de guerre, comme gage de ses dispositions, et lejour pour l’introduction du bandit dans la place des Abricots fut fixé au 13 janvier.[1] Mais, Bellefleur avait réuni des troupes autour de la place, du côté opposé à celui où il devait arriver pendant la nuit : le secret fut si bien gardé à cet égard, et Goman eut une telle confiance en son étoile, qu’il s’y rendit à l’heure marquée. Bellefleur fit sa soumission apparente ; mais, comme il arrive souvent dans de pareilles entreprises, trop d’empressement de la part d’un chef des troupes

  1. On remarquera sans doute, la coexistence des deux faits passés aux Abricots et an Môle, dans la nuit du 13 janvier : en ces deux endroits, un succès presque identique favorisa les avinés de la République.