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tophe. Or, il n’y avait rien de cela sous Pétion : de là toutes ces campagnes infructueuses.

Les colonels, voyant le nombre de leurs soldats diminué par la désertion, donnèrent eux-mêmes un libre cours à la jalousie qu’ils ressentaient, de se trouver placés sous les ordres d’un collègue en grade. D’un autre côté, Lys y donna lieu par son intimité avec David-Troy, qui le portait à l’avoir presque toujours auprès de lui ; tous deux plus éclairés que les autres, David-Troy étant d’ailleurs d’un caractère superbe, ils ne firent rien pour s’en rapprocher et entretenir l’harmonie entre eux.

Cependant, le 21 juin, la colonne arriva à l’entrée de la Sourde, après avoir traversé des lieux où le soldat ne put se nourrir, et avoir fait fuir des éclaireurs qui observaient sa marche. Depuis que Bergerac Trichet y était allé, Christophe avait fait construire un fort ayant des canons, dans une position qui commandait ce canton : le général Martial Besse le gardait à la tête de quelques troupes. Dès qu’il apprit par ses éclaireurs que la colonne s’avançait, il sortit avec un détachement pour épier sa marche : il vint inopinément rencontrer la 10e qui était en tête ; un engagement eut lieu, dans lequel ce général faillit à être fait prisonnier ; il rentra dans le fort. Toute la colonne parvint près de là à 5 heures de l’après-midi : la nuit se faisait déjà dans ce pays de montagnes, et il y avait des difficultés de terrain autour du fort. Présumant une résistance qui obligerait à combattre de nuit, Lys aima mieux poster ses troupes de manière à le cerner, pour l’attaquer au jour.

Mais, des avis étaient parvenus au Cap sur la marche de la colonne, et Christophe avait expédié, pour secourir Martial Besse, des forces commandées par le général Joa-