Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/287

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chim Deschamps, officier aussi distingué que lui. Joachim arriva près du fort à 9 heures du soir et voulut y pénétrer ; mais Martial Besse, qui n’était pas avisé de sa marche, croyant que c’était une attaque des républicains, le fît repousser à coups de fusil. Joachim crut de son côté que le fort avait été déjà enlevé et l’attaqua avec résolution.

Cette erreur allait profiter aux républicains, lorsque le colonel Clermont qui, dit-on, était presque ivre, s’imaginant que c’était Lys qui avait ordonné une attaque à son insu, fit donner la 24e contre le fort : plusieurs de ses soldats y pénétrèrent, et Lys fut contraint de faire appuyer ce corps par la 16e. À cette troisième attaque partie d’un point opposé à celui où venait Joachim, Martial Besse, qui avait observé les diverses positions occupées par les troupes républicaines, jugea promptement de l’état des choses ; il donna l’entrée du fort à celles de son collègue, et de concert, ils combattirent l’ennemi. Force fut à tous les colonels d’engager l’action pour soutenir la 24e et la 16e. Au moment où David-Troy conduisait la 22e contre le fort, se retournant vers ses musiciens pour leur ordonner déjouer un air martial, il reçut une balle au cou qui le renversa.

Averti de ce fâcheux malheur, Lys se porta auprès de son ami, qui avait déjà le râle de la mort ; il ne put recueillir de lui aucune parole. Désolé de voir périr son lieutenant, il ordonna de cesser le feu contre le fort et réunit les autres colonels en conseil de guerre. Ils reconnurent que les munitions allaient leur manquer, bien des caisses de cartouches ayant été jetées ou emportées par les eaux au passage de l’Artibonite. Le conseil résolut l’évacuation immédiate de la Sourde, pour retourner dans