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envers le capitaine d’une falouche haïtienne, qui vint de Jacmel à Santo-Domingo. Il disait à Pétion, que les lois l’eussent autorisé à être encore plus sévère ; mais que son amitié pour lui et le désir de lui être agréable en tout, avaient désarmé son autorité.


L’année 1810 s’ouvrit sous de tristes auspices pour la République d’Haïti. Les événemens les plus graves s’accomplirent pendant son cours, et il fallut au chef qui la présidait toute sa sagesse politique, tout son dévouement patriotique, pour l’empêcher de se précipiter dans l’abîme ouvert sous ses pas par des citoyens recommandables à plus d’un titre, mais égarés par des passions funestes qui eussent fait le malheur de la nation, si celui dont ils attaquèrent imprudemment le pouvoir n’était pas pénétré de la noble mission qu’elle lui confia.

Le général Gérin entra le premier dans cette carrière dangereuse et périt victime de ses calculs d’ambition, sinon de ses sentimens jaloux et haineux.

Par tout ce que nous en avons déjà dit, le lecteur ne sera pas étonné d’apprendre que, de retour à l’Anse-à-Veau après la campagne de 1809, il commença à conspirer définitivement, pour renverser Pétion de la présidence ou allumer une nouvelle guerre civile dans le Sud contre l’Ouest. Sachant que plusieurs sénateurs restaient mécontens de l’ajournement forcé du sénat, à son occasion personnelle ; que bien des militaires blâmaient le président de ce qu’ils appelaient sa mollesse dans la conduite de la guerre, dans la discipline de l’armée, qu’ils ne trouvaient pas qu’il fit assez pour la garnison du Môle ; ayant reçu, dit-on, quelques lettres de Lamarre qui s’en plaignait aussi, comme il le faisait directement au prési-