Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/311

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s’y porta avec ses aides de camp pour faire rétrograder les Éclaireurs.

Dans cet intervalle, et aussitôt même le départ de Lhérisson de l’Anse-à-Veau, Gérin ayant pour sa garde toute une compagnie de grenadiers de la 16e, commandée par le capitaine Toureaux qui lui était aveuglément dévoué, employa ces soldats à faire des remparts autour de sa maison ; il fit des meurtrières dans le mur d’enceinte de cette propriété, se préparant enfin comme s’il allait soutenir un siège.

Le général B. Leblanc ne put rester simple spectateur de pareils préparatifs de défense, évidemment faits pour pouvoir attendre des troupes de renforts, puisqu’il n’ignorait pas l’envoi des lettres et de Lhérisson à Jérémie. Il en avisa le président, et fit occuper la place d’armes par la 16e et les dragons, avec des pièces de campagne.[1] Ces précautions militaires étaient nécessaires, par rapport à ce qu’avait fait Gérin lui-même, et pour le cas où des troupes quelconques arriveraient à son secours. Mais B. Leblanc tenta des moyens plus concilians auprès de son ancien chef, qu’il voyait égaré par ses passions : il lui envoya plusieurs députations des notables citoyens de l’Anse-à-Veau, pour l’engager à abandonner son projet, lui représenter combien il était peu convenable de se livrer encore à la guerre civile, quand déjà la patrie en gémissait et que la sécurité du département du Sud était troublée par les insurgés de la Grande-Anse ; il lui fit proposer enfin, il l’invita même à se rendre au Port-au-Prince auprès du Président d’Haïti.[2]

Gérin refusa toutes les voies de conciliation, tant

  1. La maison de Gérin était située en face de la place d’armes
  2. Notes fournies par Bruno Picdeper.