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noirs, reçut l’urne qui renfermait le cœur et les entrailles de Lamarre. Toutes les troupes de la garnison du Port-au-Prince, y compris la belle garde du gouvernement, formèrent le cortège qui partit du palais de la présidence, où l’urne funéraire avait été exposée sur un lit de parade, dans une chambre ardente, et se dirigea à l’église métropolitaine. Tous les fonctionnaires civils et militaires, les instituteurs avec leurs élèves, admis à la cérémonie pour recevoir dans leurs jeunes cœurs le germe des vertus guerrières, les commerçans, la population tout entière de la ville, participèrent à ces funérailles. Le canon de deuil fut tiré toute la journée, dans les forts de la ville et à bord des navires de la flotte revenus dans le port. De l’église, où le culte catholique joignit ses pompes religieuses à celles de l’ordre civil et militaire, où A. D. Sabourin, chef d’escadron et aide de camp du Président d’Haïti, prononça une oraison funèbre à la mémoire de l’illustre défunt[1], le cortège se rendit dans la soirée, à la lueur de nombreuses torches fumantes, au fort Saint-Joseph où l’urne fut déposée dans un caveau.

Ce fort, qui avait été défendu par Lamarre, le 1er janvier 1807, prit dès ce jour le nom de fort Lamarre, pour honorer encore la mémoire de ce défenseur de la patrie qui, en ce jour d’épreuves, avait oublié qu’il était prisonnier, pour ne songer qu’à être soldat. Après que l’artillerie et la mousqueterie des troupes eurent terminé la cérémonie militaire, le Président d’Haïti fut accompagné à son palais par les généraux et autres officiers supérieurs, parmi lesquels on distinguait Delva, Nicolas Louis, Bau-

  1. La loge maçonnique l’Amitié des frères réunis, dont Lamarre était membre, fit aussi dans son sein un service funèbre pour honorer sa mémoire ; elle y admit les membres de la famille du défunt, et Daumec prononça son éloge d’une manière fort éloquente ; il excellait dans ce genre.