Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brusquer les choses en ce moment-ci. Il faut des dispositions préparées et méditées avec soin, afin de parc venir à pouvoir remplir nos vues, et de sauver, par de sages mesures, une garnison (celle du Môle) nécessairement utile à la République. »

Ainsi, voilà Rigaud lui-même qui reconnaît que « le temps et la persévérance » sont nécessaires, par rapport à l’insurrection que le gouvernement voulait éteindre dans la Grande-Anse ; le voilà encore qui pense qu’il faut certaines lenteurs, pour « préparer et méditer avec soin de sages mesures, » afin de sauver une garnison qui a perdu son chef, et qui est pressée par un vigoureux ennemi, disposant de forces immenses : et alors, cependant, on reprochait à Pétion de ne pas aller assez vite dans ces deux buts à atteindre ! Mais Rigaud voulait arriver, lui, à tout un nouveau plan d’organisation des choses, à des conseils qu’il faisait transmettre au président : écoutons-le dans la même lettre du 30 juillet :

« Je voudrais de tout mon cœur vous faire lire dans ma pensée, parce que je connais vos intentions pour le bonheur du pays ; mais, le citoyen Blanchet, qui retourne au Port-au-Prince, et le général Wagnac, que j’engage à se rendre auprès de vous, vous feront part de mes vues. Si vous les approuvez, vous agirez en conséquence ; dans le cas contraire, et que votre détermination soit différente de mon plan, tracez-moi la conduite que je dois tenir ; je me soumettrai sans observation ; j’irai où il faudra, sans considérer les entraves et les dangers : heureux et mille fois heureux, si je puis rendre encore un grand service à mon pays et à mes frères, et vous prouver, général président, mon sincère attachement pour vous. »