Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/382

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du départ de cet officier supérieur. Il lui parla des événemens des Cayes ; il n’avait accepté le commandement en chef du Sud, disait-il, que pour sauver ce département prêt à tomber au pouvoir de Christophe, parce qu’il alimentait l’insurrection de la Grande-Anse par ses partisans ; « Je vais prendre des mesures vigoureuses pour son extinction totale, et dans peu, fournir les moyens du Sud contre le Nord. » Mais il eût été plus rationnel de prendre ces mesures, d’après les pouvoirs que le président lui avait confiés, plutôt que de se livrer aux intrigues. Sa lettre en était encore une à l’égard de Marion dont il cherchait l’approbation.


Pendant que Voltaire et Tale se rendaient dans l’Ouest, deux généraux importans abandonnaient leurs postes au Port-au-Prince, pour se rendre furtivement aux Cayes : Bonnet, directeur des fortifications, et Lys, commandant de l’arrondissement. La fuite de ces deux autorités militaires, de deux hommes qui avaient tant aidé Pétion à fonder la République, une et indivisible, donnait un caractère de gravité extraordinaire à la séparation du Sud ; elle était de nature à occasionner bien d’autres défections dans l’Ouest, et c’est ce qui arriva, non parmi les militaires, mais parmi les citoyens de la classe civile. Le sénateur Mode quitta Jacmel et passa dans le Sud.

Par la révocation de Bonnet de la charge supprimée de secrétaire d’État, par les antécédens qui le rattachaient au général Rigaud, le président pouvait en quelque sorte s’attendre à sa défection. Mais celle de Lys l’affecta beaucoup et sincèrement : ce dernier n’avait point eu avec Rigaud, dans le passé, de ces relations qui pouvaient le rattacher à lui en cette circonstance ; c’était avec Pétion