Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/400

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Le 10, Pétion se rendit au palais du sénat, entouré des officiers généraux et autres : toutes les troupes de la garnison prirent les armes et formèrent une haie depuis ce palais jusqu’à l’église, où un Te Deum fut chanté après la cérémonie du serment prêté par le Président d’Haïti.

Dans le discours prononcé par le sénateur Larose, comme dans celui de Pétion, il n’y eut aucune allusion à la scission du Sud : le premier couvrit la responsabilité du Président d’Haïti devant l’histoire, pour le long ajournement du sénat, par ces paroles :

« Rendant hommage à vos vertus, les représentans du peuple ont senti que les circonstances seules ont maîtrisé l’empire des lois dont la garde et l’exécution vous ont été confiées. »

Larose pouvait tenir ce langage patriotique, puisqu’il fut le premier à protester contre celui tenu par Gérin et Modé, dans la scandaleuse séance du 17 décembre 1808 qui occasionna l’ajournement du sénat. Ami intime de Daumec, il n’avait pas approuvé son intrigue avec Gérin.

On remarque les passages suivans dans le discours de Pétion :

« Chargé de diriger les armées, j’ai toujours ménagé le sang du soldat ; à l’intérieur, j’ai cherché à conserver la paix et l’harmonie, par tous les moyens de conciliation qui ont dépendu de moi. Le peuple avait trop longtemps gémi sous le joug de la tyrannie, pour ne pas s’abandonner sans réserve à l’exercice de la plénitude de ses droits : il a dû en quelque sorte s’y délecter. L’expérience a prouvé, par sa fidélité, que la douceur était plus propre à le fixer que la rigueur. Il est juste, brave et sensible ; les bons exemples et le régime des lois le tiendront aussi soumis, qu’il est terrible quand il