Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/425

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seins hostiles : on n’avait pu s’y opposer, vu l’absence de toute troupe. Ce fait se passa dans la soirée du 28. La garde nationale de la ville, les fonctionnaires et employés de l’administration des finances, les magistrats de l’ordre judiciaire, s’armèrent et se rendirent à la maison du général Rigaud, située sur la place du Marché, pour le défendre et se défendre eux-mêmes ; car il était évident, par la tentative qui eut lieu aux Quatre-Chemins, que cette troupe révoltée en voulait aux jours du général en chef. Les généraux Bonnet et Lys, et d’autres officiers se rendirent aussi auprès de lui.

Vers 10 heures de la nuit, un frère du général Geffrard, adjudant de place, dévoué à Rigaud, alla devant l’arsenal, situé sur la place d’armes, pour observer les mouvemens de la 17e ; un des soldats l’abattit d’un coup de fusil. Ce fut le signal de la sortie du bataillon de l’arsenal, avec deux pièces de campagne ; il marcha contre la maison de Rigaud et attaqua ceux qui le défendaient, en tirant deux coups de canon ; les boulets portèrent au rez-de-ehaussée de la maison. Rigaud, malade, était déjà couché au premier étage. Mais Bonnet et Lys dirigèrent la défense ; on repoussa les attaquans, qui furent dispersés dans la ville. Ils s’étaient enivrés la plupart et n’avaient point à leur tête un officier capable de les diriger dans cet horrible attentat. Il y eut des morts et des blessés parmi les défenseurs de Rigaud ; mais les autres passèrent la nuit à sabrer et fusiller tous les soldats de la 17e qu’ils rencontrèrent dans les rues. Une grande partie des révoltés sortirent de la ville, furent recherchés le lendemain dans la plaine, et périrent victimes de leur audace criminelle. Dans l’après-midi, le général Borgella rentra aux Cayes avec le bataillon de la 15.