Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/427

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son existence serait abrégée par le dégoût qu’il manifesta aussitôt l’affaire du 28 juin.

Le 30, Rigaud publia une proclamation aux citoyens du Sud, pour en rendre compte. Il y dit que toute sa sollicitude se portait à étouffer l’insurrection de la Grande-Anse, afin de pouvoir réunir les forces du département et voler avec elles au secours de ses frères de l’Ouest, en cas d’agression de la part de Christophe, quand le bataillon de la 17e, poussé par des hommes pervers qui savaient la ville des Cayes dégarnie de troupes, s’y est porté rapidement dans l’intention de commettre les plus affreux attentats. En remerciant ceux qui prirent sa défense, il termina par « accorder amnistie à tous les soldats révoltés existant encore, qui se rendraient dans le délai de huit jours avec leurs fusils et leurs cartouches : ce délai expiré, ceux qui seront arrêtés par les patrouilles seront de suite fusillés. »

Rigaud disait vrai, quand il attribua la révolte de la 17e à la suggestion de quelques hommes étrangers à ce corps. Ces soldats souffraient aussi de privations, mais pas plus que ceux des autres régimens qui guerroyaient contre les insurgés. Le principal moteur de leur révolte fut le général Wagnac ; Bois-Quénez et Longuefosse y prirent part. L’occasion était belle, la ville des Cayes n’avait aucune troupe ; la marche rapide du bataillon qui y arriva par la route de Plymouth, avait été calculée pour surprendre Rigaud sans défense. On n’avait point l’intention de le tuer, mais de l’arrêter et de l’envoyer par mer au Port-au-Prince. Quand les soldats couchèrent en joue sur lui aux Quatre-Chemins, ce ne fut que dans un moment d’indignation occasionnée par les injures qu’il leur adressa : aussi, le général Borgella réussit-il