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tance : Borgella y renouvela le serment qu’il venait de prononcer au sein du conseil départemental.

Le même jour, il émit une proclamation aux citoyens du Sud, qui fut rédigée par Bruno Blanehet et qui dut être soumise au conseil. Borgella avait dit au rédacteur d’y insérer — « que la division qui existait entre l’Ouest et le Sud n’était qu’une querelle de famille, et qu’il espérait que bientôt elle cesserait, selon le vœu de tous les Haïtiens. » Mais ce rédacteur passionné, principal auteur de la scission, ne voulut pas lui attribuer l’initiative de cette pensée patriotique ; il la rapporta à Rigaud, en ces termes et en la défigurant : « Le général Rigaud pensait aussi que nos altercations avec l’Ouest, n’étaient qu’une querelle de famille, et que les intérêts des deux départemens étaient indivisibles. » Borgella n’insista point, pour ne pas paraître envier cette initiative à la mémoire de Rigaud, et pour ne pas effaroucher les membres du conseil.

Dès que Pétion eut lu cette proclamation, il conçut les plus grandes espérances sur la fin de la scission du Sud ; car il ne fut pas dupe de l’artifice de Blanehet dans cette rédaction : il s’en exprima publiquement, en attribuant cette pensée conciliante à Borgella et non à Rigaud[1].

Le nouveau général en chef justifia son espoir, moins d’un mois après sa nomination, en lui écrivant, le 16 octobre, une lettre qui lui fut portée par le capitaine Auguste Rivière, quartier-maître de la 13 demi-brigade, homme estimable sous tous les rapports. Borgella notifia son élection à Pétion, en le qualifiant de Président et lui disant : « Nommé à cette place par le vœu de mes con-

  1. B. Blanehet était secrétaire du conseil départemental ; il contresigna la proclamation.