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différente de celle des codes français, afin de mieux attribuer « au génie appréciateur du Grand Henry » le mérite de l’invention[1]. La loi sur les prises, les lois militaires, étaient empruntées à celles de la France ; celle sur la culture, à cette foule de règlemens locaux de tous les régimes précédens ; et cela ne pouvait être autrement, car il était impossible de rompre avec les anciennes traditions législatives.

Dans le code appelé loi civile, on remarque cette disposition : « L’épouse d’un haïtien, fût-elle étrangère, est de droit Haïtienne. » Christophe faisait ainsi prévaloir un principe qui est dans la nature des choses, en dépit de la loi politique qui exclut les étrangers de la société haïtienne : la femme doit suivre la condition de son mari. Il s’ensuivait, par réciprocité, que l’Haïtienne qui épouserait un étranger, deviendrait étrangère aussi ; mais le même code donnait au roi, la faculté de faire recouvrer la qualité d’Haïtien, quand on l’avait perdue, en comprenant les femmes qui seraient dans ce cas.

Le divorce n’étant pas permis dans le royaume, on ne copia point les dispositions du Code Napoléon à cet égard ; et au chapitre de la filiation des enfans légitimes ou nés dans le mariage, il était dit : « Le père ne peut contester la légitimité de l’enfant conçu durant son union conjugale. » En disant père au lieu de mari, on en faisait forcément l’auteur de la naissance de l’enfant. Le conseil privé avait voulu être agréable en cela au Grand Henry,

  1. Exemple. Code français : On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs. — Code Henry : Aucunes conventions particulières ne peuvent reposer sur des bases qui contrarient ou qui blessent les lois, concernant l’ordre public et les bonnes mœurs.

    Il est vrai que les Haïtiens ne sont pas obligés de bien écrire le français, et j’en donne souvent la preuve.