Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/482

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ayant précédé la publication du Code Henry, ou comprend pourquoi eut lieu la défection de la frégate l’Améthyste, presqu’au même moment où ces lois étaient présentées à la sanction royale, par le conseil privé de Sa Majesté ; pourquoi les équipages des deux autres navires adhérèrent si facilement à cette défection. La loi pénale militaire ayant été publiée à la fin de février, on comprendra encore mieux la défection importante qui la suivit sous les murs du Port-au-Prince, peu de mois après.

En parlant du code pénal militaire de 1806, nous avions dit qu’il s’y trouvait 28 cas où la peine de mort était appliquée. En 1807, le sénat réduisit ces cas à 8 ; et en 1812, Henry 1er les portait à 31 ! Qu’avaient donc gagné les troupes du Nord et de l’Artibonite, à passer sous les ordres du général en chef qui provoqua la mort de l’Empereur Dessalines ? Aussi, les marins du Nord donnèrent un exemple qui ne pouvait qu’être imité par les troupes de l’armée de terre ; ce furent celles de l’Artibonite qui eurent l’honneur de le suivre : exemple frappant de l’influence qu’exerce la législation sur les idées des hommes !

Soit que Christophe connût plus tôt, ou seulement dans les premiers jours de mars, la défection de sa frégate, le 8 il émit une proclamation au peuple et à l’armée d’Haïti, où il disait : « L’attentat le plus inouï, la trahison la plus atroce de quelques misérables scélérats, ont livré au pouvoir des révoltés du Sud, ma frégate la Princesse Royale Améthyste, après que les traîtres ont eu porté leurs mains criminelles sur leur amiral et quelques autres de leurs officiers. Par suite de cette infernale entreprise, que le génie seul de la rébellion a pu inventer, deux autres de mes bâtimens