Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/485

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de maintenir son autorité, puisque le conseil du gouvernement l’avait décidé ainsi. Il y a pour le militaire et l’homme politique, une obligation de se respecter soi-même, sous peine de déchoir dans l’opinion, dans la considération qu’il doit exiger de ses adversaires. Mais arrivé sur l’habitation Lesieur, dans les hauteurs de Pestel, Borgella reçut une autre lettre de Francisque, déjà rendu aux Cayes, qui lui apprenait que le colonel Lepage avait adhéré à la résolution du colonel Henry. Dès lors, il n’y avait lieu qu’à une chose : retourner aux Cayes, pour délibérer avec le conseil sur le parti qu’il fallait prendre en cette circonstance, les troupes qu’il avait avec lui ne suffisant pas pour marcher contre deux arrondissemens en défection. Il reprit la route des Cayes dans ce dessein.

Arrivé sur l’habitation Béret-Saint-Victor, dans les montagnes de Cavaillon, le 14 mars, il reçut une lettre de Panayoty et Frémont qui lui mandaient, qu’ils venaient dans le Sud, chargés d’une mission auprès de lui de la part du Président d’Haïti. Il leur répondit immédiatement, de l’attendre ou à Miragoane ou à Aquin, où il allait se rendre pour les recevoir. Cette mission lui prouvait que Pétion était déjà informé de la défection des arrondissemens de Jérémie et de Tiburon, et elle entrait dans ses vues de consulter le conseil départemental. Dans son désir d’éviter toute guerre, il communiqua cette nouvelle aux officiers supérieurs qu’il avait avec lui : le général Faubert, le colonel Léveillé, de la 15e, etc., et leur dit son intention d’en conférer avec le conseil, après avoir vu les envoyés du président.

Aussitôt, Léveillé conçut le projet de devancer toute délibération à ce sujet, de faire détection pour s’en faire un mérite aux yeux de Pétion ; il embaucha les officiers et