Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/503

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encourut, pour ses deux lettres, un juste blâme. Il avait assez profité des fautes de ses concurrens, pour pouvoir être modéré ; et l’on dirait qu’il les redoutait encore, si Pétion se réconciliait franchement avec eux[1] !


Empressons-nous de faire son éloge, après l’avoir blâmé.

Le 22 mars, tandis que le Président d’Haïti accomplissait aux Cayes l’acte qui effaçait toutes les traces de la scission du Sud, le commandant de l’arrondissement du Port-au-Prince apprenait la marche de l’armée de Christophe. Il sut que des troupes nombreuses étaient arrivées au Mirebalais : le général Magny en avait le commandement supérieur. Boyer expédia aussitôt le chef d’escadron Lerebours, son aide de camp, pour aller en toute hâte en avertir le président ; il fit tirer l’alarme et battre la générale pour réunir les troupes et les citoyens sous les armes.

Ce fut un moment de sérieuse réflexion pour tous, après la joie ressentie des événemens du Sud, à raison de la présence du président dans ce département avec une partie des troupes. Néanmoins, comme il avait prévu tous les cas d’une campagne contre le Port-au-Prince, Boyer se conforma au plan de défense qu’il avait adopté[2]. Il en sortit dans l’après-midi du 22, à 4 heures, avec les grenadiers à pied de la garde, les chasseurs à cheval, les bombardiers du 1er régiment d’artillerie, les 3e, 10e, 11e et 22e demi-brigades, en laissant dans la ville le 1er régiment d’artillerie, la 23e et la garde nationale.

  1. Quand j’émets de pareilles opinions au sujet du général, c’est que je me sens fort de ma conscience dans mes rapports avec le Présidait d’Haïti.
  2. Lettre de Boyer à Pétion, du 25 mars : « Et, conformément au plan que vous aviez adopté, j’ai pris les positions pour attendre l’ennemi. »