Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/536

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et Bienfaiteur de la nation haïtienne, » eurent l’indignité d’amener à leur bord, des officiers aides de camp de cette Majesté ; là, la longue-vue à la main, ces derniers observaient la position de nos troupes et des fortifications : Félix Ferrier, Dupuy et d’autres, suivant ce qu’on apprit, vinrent ainsi assez souvent sur ces frégates, sans doute par l’ordre du roi.

Les Anglais agirent encore plus mal. Le président organisa une expédition de barges bien armées et montées d’une forte infanterie, dans l’intention d’aller capturer la corvette du Nord qui était à l’ancre, au Fossé. Cette idée lui était venue, parce que deux ou trois des prisonniers de Sibert, s’étant jetés à la mer pendant la nuit, avaient eu le bonheur de gagner le Port-au-Prince à la nage, et avaient rapporté qu’il se trouvait peu de forces sur la corvette. Cette entreprise était d’autant plus facile à exécuter, que l’année 1812 fut très-pluvieuse, ce qui occasionnait des nuits fort obscures. Mais, le soir où les barges partaient, on vit lancer plusieurs fusées du bord des deux frégates anglaises : c’était le signal convenu entre leurs officiers et Drouillard ; par ces fusées, ils avertissaient la corvette royale de se tenir prête. Christophe, sachant par ses amis que l’expédition se préparait, y avait fait monter un fort bataillon de sa garde : aussi nos barges furent-elles accueillies par une vive fusillade accompagnée de la mitraille de l’artillerie de la corvette ; cette opération manqua.


En venant assiéger le Port-au-Prince, il ne négligea pas d’exciter « le noble comte de Jérémie » à se ruer contre la Grande-Anse, afin d’inquiéter au moins les défenseurs de cette ville. Au commencement d’avril, il ren-