Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/552

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’empire des idées républicaines sur l’esprit de ces hommes. Maintenant, il ne s’agissait plus que d’opérer la conversion des convictions politiques, par le spectacle du bonheur et de la prospérité que produit un gouvernement qui respecte les droits des individus, en le comparant à celui qui les viole et qui s’abreuve de sang.

Quand le temps arriva où ce résultat fut obtenu, que l’Artibonite et le Nord se réunirent à l’Ouest et au Sud, d’une manière pacifique, on en fut étonné ; mais il était dans la nature des choses. Il y fallait du temps, sans doute ; mais n’en faut-il pas toujours pour opérer le bien ? La sagesse politique consiste à le vouloir, à tout combiner pour y arriver, et à savoir attendre : c’est ce qui distingua Pétion parmi ses contemporains. La plupart ne voyaient que combats à livrer, que batailles à gagner, pour assurer l’avenir de la République ; lui, ne voyait qu’institutions à fonder, que droits à respecter, pour la faire chérir d’abord, afin d’assurer son empire sur les âmes : tout son avenir était là, et Pétion réussit dans l’œuvre qu’il avait entreprise.

En évacuant, l’armée ennemie avait laissé autour du Port-au-Prince, non-seulement son artillerie de siège, mais celle de campagne et des projectiles en quantité considérable ; elle encloua les canons et brisa leurs affùts. A Drouillard, on trouva aussi un attirail de guerre important. Tous ces objets furent apportés successivement à l’arsenal de la ville.

Durant la première semaine qui suivit l’évacuation, la population alla visiter ces terribles batteries qui brisaient ses maisons : elles étaient savamment construites. On reconnut que l’ennemi en préparait plusieurs autres, notamment au lieu appelé Bois-de-Chêne, qui auraient ex-