Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/557

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À ses exigences, Christophe joignit aussi de telles prétentions à succéder purement à l’autorité impériale détruite par la révolution, que ce fut encore une cause de dissentiment entre lui et Pétion surtout, qui, par l’éclat de ses antécédens, était devenu l’âme de ce mouvement politique. Aux prétentions de Christophe, Pétion opposait la nécessité de limiter les attributions de l’autorité executive, dérivant d’institutions républicaines qu’il préférait à toutes autres. Leurs relations se ressentirent de ce dissentiment qui se manifesta dans divers faits.

Enfin, une assemblée de représentais du peuple se forma au Port-au-Prince, dans le but de constituer le pays selon le système de gouvernement qui lui paraîtrait le plus propre à fonder le bouheur général. Réunie par ordre de Christophe, d’après le vœu formellement manifesté par Pétion et Gérin, organes de l’armée et du peuple de l’Ouest et du Sud, il espérait qu’au moyen d’une majorité gagnée à ses vues, ou plutôt intimidée par ses antécédens, il réussirait à faire voter une constitution telle qu’il la désirait. Mais, averti de ses manœuvres, Pétion les déjoua en recourant à de fausses élections pour avoir la majorité dans les vues qui dominaient dans les deux départemens. La réunion de l’assemblée constituante étant au siège de son autorité divisionnaire, il lui fut facile, indépendamment de cette majorité illégale, d’influencer ces membres en général, même la plupart de ceux qui avaient promis à Christophe de seconder ses intentions. Des actes de ce dernier survenant dans ces circonstances, qui prouvèrent sa volonté de dominer d’une manière absolue, Pétion fit constituer la République d’Haïti avec des attributions si restreintes pour le pouvoir exécutif, en investissant un sénat de la dictature,