Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/561

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Mais, pendant cette campagne, des intrigues s’étaient ourdies entre quelques membres du sénat, dans le but de rappeler Gérin à l’activité militaire ; ils l’avaient mandé au Port-au-Prince, sous prétexte de l’employer à porter secours à l’armée qui assiégeait Saint-Marc. Ce général n’ayant pas mis un grand empressement à se rendre à cet appel, n’y arriva qu’après le retour du Président d’Haïti. À ce sujet, celui-ci lança une proclamation qui rendait compte des opérations de la campagne et où il se montrait irrité de ces intrigues, menaçant ceux qui en étaient les auteurs et les qualifiant de factieux. Cet acte porta le sénat à demander formellement au président, que Gérin fût activé ; et sur le silence qu’il garda, ce corps le rappela à ses fonctions sénatoriales. En s’installant, Gérin attaqua le pouvoir du Président d’Haïti ; une séance scandaleuse s’ensuivit, où d’autres membres du sénat protestèrent publiquement contre ces manœuvres.

Le sénat, convaincu du danger d’une telle situation, s’ajourna dès ce jour. Sa dictature passa nécessairement aux mains du Président d’Haïti, secondé par le général Bonnet, récemment nommé secrétaire d’Etat par ce corps dont il faisait partie.

Pendant ces tiraillemens entre les deux pouvoirs, dans l’Est d’Haïti, les naturels se soulevaient contre la domination française, au nom de Ferdinand VII, retenu prisonnier en France par l’empereur Napoléon qui fît envahir l’Espagne par ses armées, pour substituer un membre de sa famille à celle des Bourbons. Cette levée de boucliers inattendue finit par être couronnée de succès, à l’aide des Anglais devenus les alliés de l’Espagne ; et l’ancienne possession de cette puissance se replaça complètement sous son obéissance, avec des vues d’alliance