Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/564

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prenant le danger permanent qui menaçait l’Ouest et le Sud, fit des ouvertures de conciliation au Président d’Haïti, afin d’asseoir leur union sur des bases qui permissent au Sud de secourir l’Ouest, en cas d’attaque. Acceptées avec faveur par Pétion, ces ouvertures n’aboutirent à rien de satisfaisant.

Cependant, elles donnèrent lieu aux idées de rapprochement entre les deux départemens, quand la défection d’une partie de la flotte de Christophe s’opéra dans le Sud.

Irrité par ce fait intelligent, ce dernier se résolut à entreprendre définitivement la campagne à laquelle il se préparait déjà contre le Port-au-Prince.

La Providence, qui veillait au salut de la République, amena dans ce moment même la fin de la scission du Sud, par l’initiative de quelques chefs militaires, suivie de la soumission patriotique du général Borgella et de ses lieu-tenans, aux ordres du Président d’Haïti.

Tous ensemble, ils vinrent défendre le Port-au-Prince pendant plus de deux mois qu’en dura le siège posé par Christophe. Mais une défection de ses troupes en faveur de la République, le contraignit à le lever et à se retirer dans le Nord.

Alors survint une longue trêve entre les deux États : forcée de la part de Christophe, elle entrait dans les vues politiques de Pétion. Chacun de ces deux chefs n’eut plus qu’à s’occuper de l’administration intérieure de la partie du pays soumise respectivement aux gouvernemens établis ; et dans cette nouvelle époque de l’histoire nationale d’Haïti, on verra tous les résultats produits par les principes dont ils étaient la personnification.