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cahaie. Le général Magloire m’annonce qu’il va m’envoyer sous escorte Chervain et Jourdain[1].

Maintenant, la tranquillité règne partout. N’ayez aucune inquiétude sur notre compte, le nuage s’est dissipé.

Faites en sorte de toujours maintenir l’ordre dans les troupes qui sont sous votre commandement. Que des propos injurieux ne se tiennent point parmi elles, pour les décourager.

Que vous avais-je dit, mon cher général, concernant le général Yayou ? Vous voyez maintenant qu’il a voulu effectuer son projet ; mais, grâces à Dieu, il a échoué.

Je vous désire une parfaite santé, et je vous prie de communiquer ma lettre au général Nicolas Louis. Comptez toujours sur l’attachement que je vous ai voué.

Signé : Pétion.

L’avant-dernier paragraphe de cette lettre prouve que le président n’avait pas été convaincu de l’innocence des propos tenus par Yayou au siège de Saint-Marc. En recevant un espion de Christophe et ne l’envoyant pas au président, ce général aggrava ses torts ; il y ajouta en faisant entrer les 21e et 24e dans la cour du palais, évidemment pour en imposer à son chef, en tenant publiquement des conciliabules chez lui, en ne se rendant pas au palais avec les autres officiers supérieurs, dans la nuit du 23 au 24 ; il se prononça ouvertement comme conspirateur révolté, en quittant le Port-au-Prince à la tête de la 21e, en abandonnant Léogane pour se faire des partisans dans les montagnes, par le refus de ce corps de seconder sa coupable entreprise. Dès lors, il n’y avait plus qu’à l’arrêter pour le livrer au jugement de la commission militaire permanente, lui et ses complices.

  1. Dans une lettre de Lamarre à Pétion, du 23 septembre 1807, il lui fit savoir que Jourdain avait été au Cap avant ces événemens, pour s’entendre avec Christophe ; et dans une autre du 31 août, il lui dit que l’armée du Nord, campée en face de ses troupes avant cela, les menaçait souvent du concours de Yayou et de Sanglaou.